Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/209

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ront souvent plus de poids à son autorité que l’appareil de la force et le nom même de la loi ?

Mais on peut considérer de plus haut encore, et sous un point de vue plus vaste, l’effet moral et politique de la candidature. Partout où existent des institutions et des lois, existe aussi une puissance au-dessus des lois et des institutions, et qui imprime à chacune d’elles, quels que soient son but, son excellence ou son imperfection, une tendance uniforme et commune à toutes. De là naissent et la diversité fréquente des effets de la même institution dans des pays différents, et l’erreur où l’on tombe à coup sûr en jugeant une institution hors du système auquel elle appartient, ou même en la supposant transplantée dans un système contraire. Partout où cette tendance se trouve en opposition avec les mœurs, les lumières, les opinions, l’état intérieur ou extérieur du corps social, une révolution devient inévitable, pour la changer ou renverser ce qui la contrarie ; et les causes secondaires que les hommes passionnés et le vulgaire des observateurs accuseront ensuite de l’explosion, n’auront fait qu’en hâter ou en reculer un peu l’instant, et en modifier quelques détails. Vérité importante, dont la preuve se trouve dans les annales de presque tous les peuples ; vérité rarement aperçue, si du moins on en juge par les décisions absolues que l’on entend chaque jour porter sur l’histoire politique !

L’esprit général des institutions romaines les faisait tendre surtout à concilier, par les affections de l’homme et malgré les prétentions du citoyen, les deux éléments de la souveraineté nationale, le sénat et le peuple. Et cela seul explique ce qui semble inexplicable dans l’histoire, comment, pendant quatre siècles, à des assemblées orageuses où la véhémence et l’âpreté des invectives ne nous montrent que deux partis prêts à s’entr’égorger, succédèrent presque toujours des concessions réciproques, des mesures de paix et de conciliation, des résolutions et des élections dictées par l’intérêt de la commune patrie.

L’institution du patronage et de la clientèle tendait directe-