Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/6

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neveu de Voltaire, imprimée pour quelques amis en 1780, mais dont la rareté fait tout le prix. Je donne ici une traduction presque nouvelle.

Quoique le traité de la Vieillesse, bien supérieur à celui de l’Amitié, soit un des ouvrages les plus parfaits de Cicéron, et que la division en soit claire, la marche facile, les développements ingénieux et quelquefois touchants, on peut trouver cependant qu’il n’est point complet. L’esprit politique, qui se montre sans cesse dans la plupart des écrits philosophiques de Cicéron, et qui, surtout alors, devait le préoccuper tout entier, a certainement influé sur la composition et le caractère de cet ouvrage, et il s’en est aperçu lui-même (c. 5). Il ne songe le plus souvent qu’à la vieillesse de l’homme d’état. Il n’écrit point pour tous les rangs, pour toutes les conditions ; il y a même un sexe qu’il oublie absolument ; les femmes ne sont pas même nommées. Il les oublie aussi dans le traité des Devoirs, dans celui de l’Amitié, dans ses autres ouvrages de morale. C’est l’effet de ce préjugé commun à tous les siècles qui ont précédé le christianisme. Les institutions, qui plaçaient toute la société dans le forum et dans le Champ-de-Mars, reléguaient les femmes dans la solitude, et les dérobaient aux observations et aux leçons des moralistes. On ne s’occupait ni de leurs défauts, ni de leurs vertus, ni de leur bonheur ; on semblait, en un mot, les exclure de tous les intérêts de la vie.

Une Française, madame de M***, a voulu suppléer au silence de Cicéron. À la suite d’une traduction de l’ouvrage latin, cette dame a publié quatre Lettres sur la Vieillesse des femmes, où elle suit le même plan que l’auteur qu’elle a pris pour guide, et prouve successivement que les femmes, arrivées à la vieillesse, peuvent s’occuper encore des soins domestiques ; qu’une longue expérience de la vie leur offre de nombreuses occasions de se rendre utiles par de sages conseils ; que s’il leur est moins permis qu’aux hommes de s’abandonner à la fougue des passions, elles doivent, à plus juste titre, regarder le calme qui les remplace, et même la perte de la beauté, comme un bienfait de