Page:Cicéron - Œuvres complètes, Nisard, 1864, tome I.djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
g
DES ÉDITEURS.

Notre édition a d’ailleurs en commun avec la sienne, soit les traductions du domaine public qui lui ont paru digues d’être réimprimées, soit celles que les auteurs ont bien voulu nous autoriser à reproduire. Parmi les premières, il faut noter les Tusculanes, par l’abbé d’Olivet et le président Bouhier, et l’excellent choix de discours, par Gueroult. Parmi les secondes, nous réimprimons tout ce qu’a traduit M. Burnouf père, dont on connaît le grand savoir comme philologue et l’habileté comme interprète des anciens. On sera heureux de retrouver le Traité des Lois, dont l’élégante version est l’ouvrage de M. de Rémusat, ainsi que le Traité de l’Invention, consciencieux et solide travail de M. Liez, l’un de nos plus habiles professeurs, si prématurément enlevé à l’enseignement et aux lettres anciennes.

Parmi les réimpressions des traductions du domaine public, on a reproduit fidèlement celle des Tusculanes et celle de la Nature des Dieux, par l’abbé d’Olivet. Les retouches sont permises dans un ouvrage qui n’est qu’estimable, et dont les qualités sont de celles que peut donner le travail à tout esprit bien fait. Quand le style ne porte pas la marque de cette originalité qui est comme la physionomie de chaque auteur, et qu’il ne s’élève pas au-dessus de ce que nous définirons le langage ordinaire des esprits cultivés, des corrections habiles, loin de gâter une traduction, peuvent la rendre meilleure. Mais si le traducteur est un écrivain, c’est à savoir une personne qui met son empreinte particulière sur le langage de tous, il semble qu’on n’ait pas le droit de toucher à son travail, et que des corrections ne peuvent que le défigurer. Or, les excellentes traductions des Tusculanes et de la Nature des Dieux sont une œuvre d’écrivain, et, à ce titre, méritaient d’être réimprimées dans leur intégrité. S’il est vrai que ce ne soit déjà plus la fermeté et la force du style du dix-septième siècle, on ne peut nier qu’une correction élégante, un tour heureux, un naturel que n’a pas gâté l’exagération philosophique de l’époque, ne fassent de ce travail, dans un rang secondaire, un ouvrage original et digne de sa réputation. Il n’y a donc été rien changé dans cette réimpression. Des notes rejetées à la fin des traités, comme il a été fait dans notre Sénèque, pour la traduction si remarquable des épîtres[1], réparent les omissions, ou indiquent les interprétations nouvelles qu’ont pu rendre nécessaires, soit l’intelligence plus exacte du latin, soit les améliorations qu’a reçues le texte des recherches ultérieures de la philologie.

Mais on n’a pas eu le même scrupule à l’égard de quelques autres traduc-

  1. On sait que cette traduction est l’œuvre de Pintrel, cousin de la Fontaine, et a été très-certainement revue par ce grand poète, qui en a traduit en vers toutes les citations.