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AVANT-PROPOS

tions moins remarquables, qui d’ailleurs l’étaient assez pour qu’il fut inutile de les remplacer. La table indiquera toutes celles qui ont été revues. Nous avons été trop heureux de pouvoir suivre là encore l’exemple de M. Leclerc, dont nous nous étions écartés, non sans inquiétude, en ne croyant pas devoir toucher aux traductions de l’abbé d’Olivet.

Il nous reste à parler des travaux accessoires de cette édition.

Le plus considérable est une vie de Cicéron, composée d’après les faits les plus authentiques, et où l’on s’est abstenu de tout jugement pouvant sentir la prétention oratoire ou le caprice. La moralité des faits sort de l’exposé même qui en a été fait avec fidélité. On ne s’est pas cru obligé à faire de l’éloquence à froid à propos du plus grand orateur de l’antiquité. On s’est interdit avec le même scrupule ces jugements travaillés où l’auteur fait de vains efforts pour différer de l’opinion commune. Il n’y a, depuis longtemps, rien à dire de nouveau sur l’un des auteurs les plus universellement pratiqués, depuis dix-huit siècles, comme sur l’un des hommes qui se sont le mieux peints dans leurs écrits. Mais un travail où sont recueillies dans leur suite, et racontées avec Une simplicité distinguée toutes les circonstances de cette grande vie, sera toujours lu avec plaisir et profit. Nous serions heureux que notre biographie de Cicéron parût porter ce caractère et avoir cet effet[1].

Ce travail est suivi de la vie traduite de Plutarque par Amyot, et accompagnée d’un grand nombre de notes, de la même main qui a composé la biographie. Ces notes comprennent tous les détails relatifs aux habitudes privées, à la vie domestique de Cicéron, à ses maisons de campagne, à la manière dont il y employait ses loisirs, à sa famille et à celle de son frère, et généralement à toutes les circonstances, pour ainsi dire, familières, qui n’auraient pu prendre place dans la biographie sans y jeter quelque confusion. Rien de ce qui se rapporte à ce grand homme, dont les œuvres forment la cinquième partie de toute la latinité, n’a été omis, nous l’espérons, dans cette biographie complémentaire.

On nous approuvera sans doute d’avoir fidèlement réimprimé la traduction d’Amyot. Outre que les inexactitudes qu’on y pourrait remarquer sont insignifiantes, il n’est pas de traduction nouvelle dont la fidélité ou l’élégance nous puissent dédommager de la force et des grâces de ce langage dont Montaigne s’est nourri, et dont l’ingénieuse subtilité, qu’il est si aisé de reconnaître sous la naïveté des tours, sera toujours plus près du génie de l’original que tout l’artifice savant des traductions faites depuis ou à faire.

  1. L’auteur de ce travail est M. Théophile Baudement, dont la collaboration habile et dévouée nous a été jusqu’ici d’un si précieux secours.