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Page:Cicéron - Œuvres complètes, Nisard, 1864, tome I.djvu/529

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teur distingué, s’il avait joui d’une santé plus robuste. De petits discours, et une histoire écrite en grec d’un style fort agréable, donnent lieu de le penser.

XX. Aux orateurs que je viens de nommer, il faut ajouter Sext. Élius, le plus savant de tous dans le droit civil, et qui joignait à cette science le talent de bien dire. Parmi ceux qui étaient plus jeunes, paraît C. Sulpicius Gallus, le plus versé de tous les nobles dans les lettres grecques. Il fut mis de son temps au nombre des orateurs, et posséda en outre une foule de belles connaissances. L’élocution commençait dès lors à se polir et à devenir plus brillante. Il était préteur, et célébrait des jeux en l’honneur d’Apollon, lorsque Ennius mourut, après avoir fait représenter sa tragédie de Thyeste, sous le consulat de Q. Marius et de Cn. Servilius. Dans le même temps vivait Tibérius Gracchus, fils de Publius, qui fut censeur et deux fois consul, et dont il reste un discours grec, prononcé devant les Rhodiens. C’était un citoyen vertueux et un homme éloquent. On attribue aussi de l’éloquence à Scipion Nasica, surnommé Corculum, décoré, comme Gracchus, de deux consulats et de la censure, et fils du Scipion qui reçut la mère des dieux. On cite encore Lent’lus, qui fut consul avec Figulus ; Q. Nobilior, fils de Marius, déjà formé par les leçons paternelles à l’étude des lettres, et qui étant triumvir pour l’établissement d’une colonie, donna le droit de cité romaine à Ennius, qui avait combattu sous son père en Étolie. Enfin T. Annius Luscus, collègue de Nobilior dans le consulat, ne fut pas, dit-on, sans talent pour la parole. Quant à Paul Émile, père du second Africain, son éloquence n’était point au-dessous du haut rang qu’il tenait dans la république. Caton vivait encore alors. Il mourut à quatre-vingt-cinq ans, et la dernière aunée de sa vie, il prononça devant le peuple contre Serv. Galba un discours plein de chaleur et de véhémence, qu’il a même laissé par écrit.

XXI. Mais du vivant de Caton, fleurirent en même temps une foule d’orateurs plus jeunes que les derniers. Albinus, auteur d’une histoire écrite en grec, et qui fut consul avec Lucullus, eut du savoir et de l’éloquence. On peut placer à côté de lui Serv. Fulvius, et Fabius Pictor, qui connut également bien le droit, la littérature et l’antiquité. Q. Fabius Labéon mérita à peu près les mêmes éloges. Pour Q. Métellus, qui eut quatre fils consuls, on le regardait comme un homme des plus éloquents. Il défendit L. Cotta, accusé par Scipion l’Africain. Il existe de lui plusieurs discours, un entre autres qu’il prononça contre Tib. Gracchus, et que Fannius a rapporté dans ses Annales. Cotta lui-même passait pour consommé dans les ruses du barreau. Mais Lélius et Scipion l’Africain furent doués d’une véritable éloquence. Nous avons d’eux des discours par lesquels nous pouvons juger de leur talent. Servius Galba, un peu plus âgé que les précédents, fut sans contredit le plus grand orateur de cette époque. Le premier, parmi les Romains, usant de tous les privilèges de l’art oratoire, il embellit son sujet par d’heureuses digressions, donna l’exemple des amplifications, des mouvements pathétiques, des lieux communs, enfin de tous les moyens propres à charmer les auditeurs, et à les émouvoir. Mais je ne sais comment les discours