Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/225

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les fontaines et les bosquets d’Enna, vous qui protégez la Sicile, et dont la défense m’a été confiée ; vous à qui tous les humains, instruits par vos leçons dans l’art de féconder les champs, offrent les pieux tributs de leur reconnaissance : vous tous enfin, dieux et déesses (129), dont les autels et le culte ont eu dans Verrès un ennemi forcené, toujours prêt à leur faire une guerre impie, je vous en conjure, entendez ma voix ; s’il est vrai que, dans cette accusation, je n’ai considéré que le salut des alliés, l’honneur de la république et mon devoir ; si la justice et la vérité seules ont été l’objet de tous mes soins, de toutes mes veilles, de toutes mes pensées, faites que les sentimens qui m’ont porté à entreprendre cette cause, et à la poursuivre, animent également tous nos juges.

Et vous, juges, si la scélératesse, la perfidie, la débauche, l’avarice, la cruauté de Verrès sont monstrueuses et sans exemple, puisse-t-il enfin, grâce à vous, recevoir le juste châtiment que méritent tant de forfaits ! Puisse cette accusation satisfaire la république et suffire à ma conscience ! Puisse-t-il m’être permis de me consacrer désormais à la défense des bons citoyens, plutôt que de me voir réduit à la nécessité de poursuivre les méchans !