Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/386

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ment parvenu ’. La réfutation des faits les plus graves est perdue ; il ne nous reste que les preuves morales alléguées contre les accusateurs. On sera peut-être curieux de voir combien les Romains, même les plus honnêtes, mettaient peu de mesure dans leur haine pour les Gaulois. L’or- gueil national ne leur pardonnait pas la journée d’Allia. Cicéron va jusqu’à dire qu’on ne peut comparer l’homme le plus illustre de ce pays au dernier citoyen de Rome : An si homines ipsos spectare convertit, id quod in leste profeclo valere plurimum debet, non modo cum summis civitatis nostrœ viris, sedcum infimo cive romanoquis- quam amplissimus Galliœ comparandus etf (ch. Xvii) ? N’est-ce pas là le germe de cette réplique admirable d’Emilie à Cinna, dans Corneille :

Pour être plus qu’un roi, tu te crois quelque chose. Aux deux bouts de la terre, en est-il un si vain Qu’il prétende égaler un citoyen romain ? Souviens-toi de ton nom, soutiens sa dignité ; Et, prenant d’un Romain la générosité, Sache qu’il n’en est point que le ciel n’ait fait naître Pour commander aux rois et pour vivre sans maître.

Le défenseur de Fonteius ne veut pas même que les juges comptent pour quelque chose le témoignage d’un Gaulois : An vero istas nationes religione jurisjurandi, ac inetu deorum immortalium in testimoniis dicendi coinmoveri arbitramini, s’écrie-t-il, etc.

En lisant ce passage de Cicéron, on se rappelle involontairement le mot de Brennus : Vœ victisl Si les Gaulois abusèrent de la victoire, vous conviendrez que les

1 Voyez ci-après le complément de cette analyse. C. D.

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