Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/387

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Romains ont bien pris leur revanche. Passons à la péroraison de ce plaidoyer. C’est dans cette partie surtout que Cicéron excellait. Là, il sait réunir tous ses moyens, résumer tous ses argumens et leur donner un nouveau degré de force, en les présentant pour ainsi dire en masse. Le caractère personnel de l’accusé opposé à celui des accusateurs, l’intérêt de la république, la considération dont jouissent ses défenseurs, la douleur maternelle, les prières d’une vestale[1], la religion, l’honneur des juges ; tout, selon l’orateur, prescrit au tribunal d’absoudre l’accusé.

Cette cause fut plaidée l’an de Rome 685, sous le consulat de Q. Hortensius et de Q. Cécilius Metellus. Cicécéron avait trente-huit ans ; il était édile. À cette époque, les sénateurs n’exerçaient plus seuls le pouvoir judiciaire, comme dans l’affaire de Verrès ; les chevaliers et les tribuns du trésor le partageaient avec eux, en vertu de la loi Aurelia, ainsi appelée du nom de son auteur Aurelius Cotta. Depuis la fondation de la république, les tribunaux avaient été occupés par les sénateurs. Gracchus les en déposséda pour y établir les chevaliers. Ceux-ci ne s’y maintinrent que jusqu’à la dictature de Sylla, qui rappela les anciens magistrats. Quelques abus firent demander une nouvelle réforme. Aurelius était préteur ; de concert avec Pompée, alors consul (684), il rendit l’administration de la justice commune aux trois ordres, avec cette clause que les juges seraient choisis parmi les plus imposés, ex amplissimo censu ; ce sont les termes de la loi. En conséquence, les tribuns du trésor représentèrent dans les tribunaux l’ordre plébéien, auquel ils apparte-

  1. Fonteia, sœur de l’accusé.