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Page:Cicéron - Des suprêmes biens et des suprêmes maux, traduction Guyau, 1875.djvu/124

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qu'elle est une condition du bonheur ; et il n'a pu entendre par ce mot que ce qui est juste, droit, et louable par sa nature, par son essence, par soi-même.

CHAPITRE XVI.

LA SAGESSE ET LA JUSTICE N'ONT PAS LEUR FIN DANS LE PLAISIR.

Aussi, lorsque vous disiez qu'Épicure ne cessait de crier qu'on ne peut vivre agréablement si l'on ne vit honnêtement, sagement et justement, il me semblait, Torquatus, que vous triomphiez ; et la dignité des choses qu'on a coutume d'entendre par là donnait tant de force à vos paroles, que vous en deveniez plus fier, et qu'insistant avec ardeur, et me regardant, vous sembliez me dire : Vous voyez donc qu'Épicure loue quelquefois l'honnêteté et la justice. Que vous aviez bonne grâce à vous servir de ces termes, sans lesquels il n'y aurait plus ni philosophie ni philosophes ! Oui, ce sont les termes de sagesse, de justice, de courage et de tempérance, si peu familiers pourtant à Épicure, qui ont fait que tant de grands hommes se sont adonnés à l'étude de la philosophie.

Quoique la vue, dit Platon, soit le sens le plus subtil, l’œil ne saurait découvrir la sagesse. Quels ardents amours elle exciterait, si elle était visible ! Pourquoi ? est-ce parce qu'elle est habile à forger des voluptés ? Pourquoi loue-t-on aussi la justice ? et d'où vient cet ancien proverbe, On pourrait jouer avec lui dans les ténèbres ? Ce mot a un sens très-étendu ;