agréablement, si l'on ne vit honnêtement ; comme si je ne voulais que savoir ce qu'il affirme ou ce qu'il nie. Non, il s'agit ici de voir ce que doit dire un homme qui met le souverain bien dans la volupté. Eh ! quelle raison m'apporterez-vous pour prouver que Thorius, C. Hirrius Postumius, et Orata, leur maître à tous, n'aient pas vécu agréablement ? Épicure lui-même soutient que la vie des gens voluptueux n'est point blâmable, pourvu qu'ils ne soient point assez faibles pour se laisser aller à de vaines cupidités et à de vaines frayeurs. Et en promettant le remède des unes et des autres, il promet toute licence à la volupté. Il dit, en effet, qu'il ne trouve aucun sujet de reproche dans la vie d'un voluptueux qui ne désire ni ne craint rien. Il n'est donc pas possible qu'en rapportant tout à la volupté, vous n’abandonniez pas la vertu : car celui qui ne s'abstient de l'injustice que par intérêt personnel ne mérite point le nom d'homme juste. Vous connaissez le vers :
N'est point pieux qui ne l'est que par crainte.
Il n'y a rien assurément de plus vrai ; car un homme qui n'est juste que parce qu'il craint, n'est point juste ; et il cessera de l'être dès qu'il cessera de craindre. Or, il cessera de craindre, s'il peut cacher son injustice, ou s'il est assez puissant pour la soutenir ; il aimera toujours mieux paraître homme de bien sans l’être, que de l'être et de ne le paraître pas. Ainsi vous voyez qu'au lieu d'une justice vraie et solide, vous vous proposez une justice fausse et simulée ; et vous nous ordonnez, en quelque sorte, de mépriser le témoignage infaillible de notre