fuir et qu’aussi, lorsqu’on embrasse la tempérance, ce n’est point comme étant ennemie des voluptés, mais comme en promettant de plus grandes que celles dont elle prive.
CHAPITRE XV.
LES VERTUS ONT LEUR FIN DANS LE PLAISIR.
TROISIÈME VERTU : LE COURAGE.
Je dis à peu près la même chose de la force d’âme ; car ni l’exercice du travail ni la souffrance des douleurs ne sont à rechercher pour eux-mêmes, non plus que la patience, ni les soins ni les veilles, ni même la vertu active, objet des louanges, ni enfin le courage ; mais il n’est rien qu’on ne brave pour vivre ensuite sans inquiétude et sans crainte, et pour se délivrer, autant qu’il est possible, le corps et l’esprit de tout ce qui peut faire de la peine. Et comme la crainte de la mort trouble la tranquillité de la vie ; comme c’est un misérable état de succomber à la douleur, ou de la supporter avec faiblesse ; comme, par une semblable lâcheté, plusieurs ont abandonné leurs parents, leurs amis, leur patrie, et se sont enfin perdus eux-mêmes : ainsi, tout au contraire, un esprit ferme et élevé s’affranchit de toute idée pénible lorsqu’il méprise la mort qui remet tous les hommes dans l’état où ils étaient avant de naître ; lorsqu’il est préparé à la douleur, sachant que les extrêmes douleurs finissent bientôt plusieurs intervalles