Page:Cicéron - Des suprêmes biens et des suprêmes maux, traduction Guyau, 1875.djvu/92

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répète souvent qu'il faut avoir soin d'exprimer le sens des termes, n'entend pas quelquefois celui du mot volupté.

CHAPITRE Ill.

CONFUSION ÉTABLIE PAR ÉPICURE ENTRE LE PLAISIR ET L'ABSENCE DE DOULEUR.

- Cela serait plaisant, reprit-il en souriant, qu'un homme qui dit que la volupté est la fin où tendent tous les désirs, et le plus grand de tous les biens, ne sût pas ce que c'est que la volupté.

- Mais ou c'est lui, répliquai-je, ou c'est tout le reste du monde qui l'ignore. - Comment l'entendez-vous ? dit-il. - C'est, dis-je, que tout le monde prétend que la volupté est ce qui excite agréablement les sens et qui les remplit de quelque sensation délicieuse.

- Et vous imaginez-vous, me répondit-il, qu'Épicure ignore cette sorte de volupté ? - Non, lui dis-je, il ne l'ignore pas toujours ; et même il ne la connaît que trop quelquefois, puisqu'il dit qu'il ne peut comprendre qu'il y ait, ni qu'il puisse y avoir, d'autre bien que celui de boire et de manger, ou le plaisir des oreilles, ou celui des voluptés sensuelles. Est-ce que ce ne sont pas là ses propres paroles ? - Croyez-vous que j'en aie honte, répondit-il, et que je ne puisse pas vous montrer dans quel sens il les dit ? - Je ne doute point, repris-je, que vous ne le puissiez aisément ; et je n'ai garde de croire que vous ayez honte d'être du sentiment d'un homme qui est le seul, que je sache, qui ait osé s'appeler