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Page:Cinq nô.djvu/26

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INTRODUCTION

caractère de simple doublure se montre de façon très nette dans les pièces de forme ancienne. Le wahi y apparait souvent accompagné de deux wahi-zure[1] ; tous trois chantent, mais un seul parle, se nomme, agit[2] ; il n’y a vraiment qu’un seul rôle ; et que, par suite de manque de personnel ou pour quelque autre raison, un seul acteur y paraisse, rien absolument ne sera changé à la pièce elle-même : le chant seul et la figuration seront moins fournis.

Il n’y a ordinairement qu’un seul shite-zure, et à première vue, il peut sembler un peu plus autonome que les waki-zure. Il n’en est rien ; comme ceux-ci, il représente généralement un personnage indéterminé, sans nom, n’influant en rien sur le développement de la pièce. Il chante, il est vrai, avec le shite, il alterne même avec lui dans certains cas ; mais ce dialogue est tout musical, et les deux acteurs ne s’adressent pas la parole l’un à l’autre : ce sont deux voix qui se répondent et non deux personnages qui se parlent. Le shite-zure ne fait rien de plus ; il arrive même qu’il se retire lorsqu’une seconde voix a cessé d’être nécessaire pour l’exécution des passages chantés, et alors il disparait discrètement par la porte de service ; le plus souvent

  1. Les règles du nô exigent deux ou quatre waki-zure ; pratiquement, à moins de raisons particulières, on s’en tient au premier chiffre. Le waki et ses deux tsure sont souvent nommés les « trois ministres », san daijin, parce qu’ils paraissent fréquemment en en qualité d’envoyés impériaux.
  2. Il arrive pourtant que l’un d’eux ait quelques répliques au commencement de l’intermède ; mais elles sont sans importance, et ne constituent à vrai dire qu’une variante du rôle du seul waki. Ce n’est qu’assez tard et très rarement que le waki-zure reçut un peu d’individualité.