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l’apostrophe, l’union inférieure (trait-d’union), la séparation inférieure (espèce de trait-d’union).

Les signes prosodiques se divisent en trois classes principales, qui sont l’inflexion (l’accentuation proprement dite), le temps (la mesure ou la quantité), et l’aspiration.

Il y a trois inflexions, savoir : celle de l’accent aigu, celle de l’accent grave, celle de l’accent circonflexe ; deux quantités qui sont l’accent long et l’accent bref ; deux aspirations qui sont le rude et le liquide ; trois passions qui sont l’apostrophe, l’union inférieure et la séparation inférieure[1].

  1. L’accent aigu et l’accent grave ont à-peu-près les mêmes formes, et remplissent les mêmes fonctions dans le grec, dans l’arménien et dans le français, avec cette différence pourtant, que dans l’arménien on ne met jamais l’accent grave qu’à la fin des mots, de cette manière, բայց՝, mais ; արդ՝, donc ; et on le considère en même temps, comme le signe d’une suspension de voix, ou d’une pause plus courte que celle de la virgule.

    La forme du circonflexe ՞ arménien, désigne mieux l’usage auquel il est destiné ; c’est-à-dire, qu’il doit marquer une élévation et un abaissement de voix sur la même syllabe.

    Le signe de l’accent long ՛ arménien indique un allongement de voix sur la même syllabe : il a du rapport avec le point d’exclamation ( !) du grec et du français, ou avec la longa Linea des Latins.

    L’accent bref (°) de l’arménien ressemble aussi beaucoup à la brevis virgula (˘) du latin : l’un et l’autre ne s’emploient que pour marquer qu’une syllabe quelconque doit être prononcée brièvement.

    Le rude ՜ de l’arménien correspond à l’esprit rude (’) du grec, Δασηῖα mais l’usage de l’un n’est pas tout-à-fait semblable à celui de l’autre, Voyez ma gram. arm., page 17 et pages 653 et suiv.

    Le signe du liquide en arménien, est le Ψιλή (’) ou l’esprit doux du grec. Mais chez les Arméniens, on ne l’emploie que dans la musique, et on ne le place ordinairement que sur les consonnes rudes ou gutturales pour annoncer qu’on doit les prononcer d’une manière douce ou liquide.

    L’usage de l’apostrophe n’est pas aussi fréquent dans l’arménien que dans le grec ; mais il l’est presqu’autant que dans la langue latine. On l’emploie seulement dans certaines circonstances pour éviter la répétition de la même voyelle et de la même consonne. Par exemple, au lieu de dire զի՛ի քեզ ou խօսք քո, on écrit quelquefois զ՛ի քեզ, dans toi ; խօս՛ քո ton discours.

    Les anciens avaient l’habitude d’écrire les mots trop près les uns des autres : il en résultait souvent des doutes ou des contre-sens. Pour détruire ces incertitudes, ils se servaient du signe de la diastole Διαστολή, en arménien, ստորատ ou ներքեահատ, séparation inférieure, ou coupure inférieure ; et ils indiquaient par ce moyen qu’on devait lire les mots séparément, comme dans les expressions Κατὰ, λόγον, avec raison ; նոր ընծայ, un nouveau cadeau. Mais fallait-il exprimer les mêmes voix en un seul mot ? on y plaçait alors le signe de l’hyphèn, Ὑφέν, union ; en arménien նեթամսայ ou ներքսադրական union inférieure ou jonction entre de la manière suivante, Κατά͜͜λογον, catalogue ; նորընծայ, néophyte. Dans des cas semblables, les modernes se servent seulement du tiret, comme dans les mots pie-grièche, arc-en-ciel, etc. Mais son usage n’est pas aussi fréquent que chez les anciens, car depuis des siècles on a coutume, en écrivant, de séparer les mots les uns des autres.

    L’usage de ces dix signes prosodiques, ainsi que de ceux de la ponctuation, de l’astérisque, etc., est très-ancien ; Isidore de Séville du 7e siècle, Priscien du 6e, et David le philosophe du 5e, en parlent dans leurs ouvrages.