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LA VIE CONJUGALE

honneur disputé ; cinq ou six remontaient au dix-septième siècle, celle de Villefranche justement. Les messieurs de la Platière, l’aîné et le plus jeune, en étaient membres considérés[1].


Lanthenas est souvent à demeure au Clos et Bosc toujours invité à y venir. Dans les intervalles de leurs séjours, Mme Roland entretient avec eux une correspondance assidue. Elle les appelle « notre ami ». Quand elle parle de Roland, elle dit « mon bon ami ». Elle charge Bosc de commissions incessantes et variées. La plupart du temps elle lui demande des livres ou expédie des fleurs à déterminer ; mais aussi elle l’envoie à Vincennes s’informer du chanoine Bimont ; elle lui fait retirer du Mont-de-Piété des hardes engagées par de pauvres gens ; elle le charge d’un envoi de gravures qui arrivent « gâtées » et de vases qui se cassent en route, d’où admonestations doctes et gentilles en vue de donner à l’ami distrait un peu d’expérience pour une autre fois.

Si Eudora est malade, la mère est au comble du tourment. Elle la soigne avec un dévouement total et une intelligence qui sauve la pauvre petite des Diafoirus de la province.

Elle applique à l’éducation de sa fille les principes de Jean-Jacques. Les principes écrits, s’entend. À cinq ans, la malheureuse enfant n’a plus, paraît-il, « une seule idée fausse dans la tête » et, quand elle atteint sa sixième année, le programme de ses travaux et de ses récréations devient quelque chose d’effrayant !

Il est curieux d’observer que, jusqu’aux abords de 1788, Mme Roland ne semble prendre aucun intérêt à la politique. On la voit bâiller sur les gazettes et ne donner un peu d’attention aux changements de ministères que dans la mesure où ils peuvent influer sur la carrière de son mari. Quelque temps auparavant n’avait-elle pas blâmé Lanthenas qui, s’étant engoué de la défense des cadets, s’était avisé de publier un écrit contre le droit d’aînesse ?

De son côté, si Roland s’exprimait parfois avec violence

  1. Roland appartint dans la suite à quinze autres Académies !