Jamais élections ne se firent dans de pareilles conditions. L’affreux petit Thiers, qui se démenait, comme une fouine prise au piège, pour qu’elles n’eussent pas lieu, était habilement secondé à Paris par les ennemis avoués de la Révolution et par ceux qui, tout en s’en déclarant partisans, mettaient tout en œuvre pour en enrayer le mouvement, dans l’espoir, disaient-ils, d’une réconciliation entre Paris et le gouvernement de Versailles.
Les réactionnaires, amis de la légalité, lorsqu’elle ne nuit pas à leurs intérêts, ne pouvaient admettre que le Comité central eût qualité pour convoquer les électeurs et les appeler à élire quatre-vingt-dix membres de la Commune.
Dans les nombreux groupes qui se formaient sur les grands boulevards, à l’entrée du faubourg Montmartre, place de Notre-Dame-de-Lorette, dans le IIe arrondissement, et où brillait la fine fleur de la réaction, on commentait l’audace du Comité central, qui s’arrogeait le droit de décréter des élections ; et les orateurs du trottoir, coulissiers en rupture de Bourse, avocats sans causes, journalistes sans canards, haranguaient la foule et déclaraient que tout citoyen qui avait du sang