Page:Clément - La Revanche des communeux.djvu/206

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français dans les veines le prouverait en n’allant pas voter.

L’avant-veille des élections, les fanfaronnades des clubistes en plein vent prirent même des proportions donquichottiennes. Profitant d’un instant où les groupes de la place Notre-Dame-de-Lorette étaient aussi animés que nombreux, l’un d’eux eut l’imprudence de brailler : « Ah ! s’il y avait seulement à Paris une centaine de gaillards de ma trempe, nous irions reprendre les canons qui sont sur les buttes et nous remettrions les Montmartrois à la raison ! »

Et pour prouver qu’il n’avait pas froid aux yeux, il proposa qu’on s’y rendit séance tenante.

Voyez-vous ça !

Oui, oui, mais ces malheureux tartempions de la décadence avaient compté sans les vrais gars à poils qui descendaient tous les soirs de Montmartre pour les surveiller et leur flanquer quelques bons coups de godillot au derrière s’ils s’avisaient de lever la patte un peu trop haut.

Justement, ce soir-là, une bonne gueule noire de la Butte, que toutes ces bravades commençaient à impatienter, faisait sa tournée dans les groupes. Ce ne fut pas long, il empoigna par les flancs une espèce de grand escogriffe à lorgnon qui se flattait d’avoir servi dans les cuirassiers et d’arranger, à lui seul, une douzaine de fédérés.

— Eh bien, tant qu’il n’y aura que des fausses-couches comme toi pour nous empêcher de manger notre soupe, là-haut, lui dit la bonne gueule noire