Page:Clément - La Revanche des communeux.djvu/208

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La presse, sur laquelle j’aurai à revenir, n’était pas moins hostile aux élections ; le 22 mars, 28 journaux adressaient une déclaration collective aux électeurs de Paris, dans laquelle il les engageaient à considérer comme nulle et non-avenue la convocation du Comité central et à ne pas prendre part au vote.

Néanmoins, à la suite d’une réunion assez orageuse tenue à la mairie du IIe arrondissement, le 25 mars, la veille même des élections, les maires et les adjoints de Paris se ravisèrent ; et, sous le prétexte d’éviter la guerre civile et l’effusion du sang, se décidèrent à convoquer par affiches, pour le lendemain dimanche, tous les citoyens dans leurs collèges électoraux. Ils faisaient même un appel pressant au patriotisme des habitants de Paris « pour qu’ils vinssent tous au vote et que les élections eussent le caractère sérieux qui, seul, pouvait assurer la paix dans la cité ».

Le samedi soir, il n’était question dans les groupes des IXe et IIe arrondissement que de la grande trahison des maires et des adjoints : la réaction prétendait qu’ils avaient passé à l’insurrection, que Paris n’était plus tenable, et qu’il fallait l’abandonner à son malheureux sort.

Certains protestaient contre cette désertion et disaient qu’au contraire, il fallait rester sur la brèche pour tenir tête à la canaille !

D’autres ajoutaient qu’avant huit jours l’opinion publique aurait fait justice des brigands de l’Hôtel-de-Ville, et qu’on pourrait alors les livrer pieds et poings liés à la justice du pays !