Page:Clément - La Revanche des communeux.djvu/70

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Quoi qu’en dise M. Delpit, le rapporteur, les socialistes militants présents à Paris : blanquistes, communistes, anarchistes, étaient à leur poste de combat et tous unis contre l’ennemi commun.

C’était un tohu-bohu indescriptible, écœurant et superbe !

Il y avait à l’extrémité de la salle une grande table sur laquelle s’exécutait une scène épique : les équilibristes les plus célèbres étaient surpassés de cents coudées par les citoyens qui bataillaient sur cette tribune improvisée.

Les uns s’y tenaient à cloche-pied, se cramponnant au bras et, au besoin, à la barbe d’un voisin. Ça ne faisait rien, on n’y regardait pas de si près ; du reste, le voisin était obligé de rendre la pareille à un autre, et ça le rendait indulgent : ils parlaient tous à la fois, se menaçant et se montrant le poing, et il y avait de quoi.

Deux des orateurs étaient particulièrement maltraités, et il fallait qu’ils eussent une fière force de poumons et un rude courage pour dominer les imprécations et tenir tête aux furieux qui les menaçaient.

L’un, c’était le citoyen Lefrançais qui se maintenait vaillamment au beau milieu de la table. L’autre, c’était ce pauvre Vermorel qui, perché sur un coin, ne se tenant plus que sur un pied, se cramponnait d’une main à un voisin et, de l’autre, rajustait ses lunettes.

— Vive la République ! criaient les uns.

— Vive la France ! répondaient les autres.

Et les cris se succédaient.