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La suite des mots se perdit.

Les deux personnages étaient passés. Ils avaient pris une allée transversale du parc. Dauriac et Savanne rampèrent dans les taillis pour les suivre. Mais malgré toutes leurs recherches, ils ne parvinrent pas à les retrouver. Deux heures après ils se quittèrent.


LA SORCIÈRE DU TROU DU DIABLE


La nuit suivante, Raymond Dauriac veilla sa fiancée. Puis il reprit son poste d’observation avec Georges Savanne. Mais le Chasseur Rouge ne reparut plus.

Entretemps, Savanne venait le jour au château : il y était reçu avec joie par les hôtes que sa bonne humeur et sa verve intarissable avaient charmés. Il avait, semblait-il, apporté avec lui, dans le sombre et triste manoir, la gaîté et la lumière.

Dauriac prenait chaque jour quelques heures de repos dans la Chambre Noire. Mais là aussi le calme régnait et aucun événement nouveau ne s’était produit. Cependant le jeune homme ne dormait jamais que d’un œil dans cette pièce fatale où un danger inconnu était incessamment suspendu sur sa tête, comme l’épée de Damoclès — la comparaison ici s’imposait.

Savanne avait rappelé à son ami les mystérieuses paroles prononcées par le Chasseur Rouge et sa compagne : « Il faut qu’ils meurent tous les deux » et « Nous aviserons… »

Quels étaient donc ces deux êtres qui devaient mourir ? Quelles étaient les deux têtes qui étaient menacées par des ennemis dont on ignorait le nom et la figure ?

Les volontés les mieux trempées, les cœurs les plus braves se sentent faiblir devant un danger occulte dont ils ignorent la nature. Combattre un ennemi qui se montre au grand jour stimule l’énergie ; mais comment se prémunir contre un adversaire qu’on ne connaît pas, qui se dissimule dans l’ombre et qui choisira pour frapper l’heure et l’arme qu’il jugera les meilleures ?… Songer que le verre qu’on porte à ses lèvres contient peut-être un poison, que la fleur dont on aspire le parfum peut vous donner la mort, qu’un coup de