Page:Cléri - Le Crime de la chambre noire, 1915.djvu/3

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quand on a dix-neuf ans, si ce n’est au chevalier d’aventures qui hante la pensée des jeunes filles ?…

Judith Mauvin aimait et était aimée d’un amour très pur. Son héros avait vingt-deux ans et s’appelait Raymond Dauriac. Il était étudiant en droit

La jeune fille était rentrée de pension le matin même. Désormais, elle allait rester avec ses parents, dans ce vieux château de Sauré que son père, M. Rodolphe Mauvin, riche industriel retiré des affaires, avait acheté il y avait une quinzaine d’années. Ce manoir, à demi caché au milieu d’un parc aux arbres séculaires, avait été maintes fois déjà restauré ; mais chaque année les lézardes attaquaient davantage les murs et malgré les travaux modernes, l’humidité régnait toujours dans cette vieille habitation qui, bien que très spacieuse, ne contenait, en réalité, que quelques chambres habitables. Ainsi semblait-il qu’une loi mystérieuse, qu’un destin inconnu, voulût chasser les nouveaux propriétaires de cet antique domaine qu’avaient habité les seigneurs de Sauré, dont la race était éteinte depuis plus d’un siècle.

Peu de chambres, disions nous, étaient habitables. C’est ce qui expliquait la raison pour laquelle Mlle Mauvin avait été provisoirement installée dans la pièce où nous la voyons rêvant et qu’on appelait « la Chambre Noire » ou la « Chambre Fatale ».