Page:Cléri - Le Crime de la chambre noire, 1915.djvu/5

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Or, bien que ce sanguinaire seigneur fût mort depuis plus de cent ans, des gardes forestiers prétendirent avoir aperçu le « Chasseur Rouge » dans les bois, quelques jours avant le crime dont avait été victime Mlle Mauvin. On avait fait des recherches à ce sujet, mais sans jamais découvrir la trace de ce mystérieux personnage que l’opinion publique désignait comme l’assassin de la jeune femme.

L’on comprendra que ce ne fut point sans appréhension que Judith Mauvin accepta de passer une nuit dans la « Chambre Fatale » dont personne, depuis le drame, ne franchissait plus le seuil. Des ouvriers restauraient l’aile principale du château et les rares chambres qui n’étaient pas envahies par le plâtre et les briques, laissaient filtrer une telle humidité qu’on n’eût pu y passer ne fut-ce qu’une nuit.

Judith Mauvin avait dû vaincre ses appréhensions et maîtriser ses craintes. Au surplus dans quelques jours, une autre chambre serait aménagée à l’effet de la recevoir. Enfin, son père et sa mère, qui occupaient des pièces voisines, seulement séparées de la sienne par un corridor, l’avaient rassurée et lui avaient fait promettre de les appeler la nuit, si elle était prise de frayeur.

Judith se persuada qu’après tout une chambre ne pouvait avoir de pouvoir fatal. Les légendes relatives aux crimes du seigneur de Sauré ne prouvaient point que les attentats eussent été précisément commis en tel endroit. En ce qui concernait le meurtre dont sa sœur avait été victime, rien n’autorisait d’affirmer