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Page:Cléri - Le Crime de la chambre noire, 1915.djvu/52

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— Wa ! wa ! rrr… abala… abala… rrr…

Parmi ces cris gutturaux, Savanne discerna quelques mots humains, comme ;

— Harra !… HorreKur !… misérable !… mort… mort…

Maintenant, l’être hideux s’avançait menaçant… Soudain, Savanne frissonna de surprise et d’horreur : dans le visage à demi caché sous une torsade de cheveux mélés en touffes crépues, il avait reconnu des traits humains… Puis, sous les haillons, il discerna une forme féminine, décharnée, hideuse, dont la peau couverte d’une couche de crasse avait l’aspect d’un épiderme.

C’était une femme. Ses yeux hagards, exorbités, sanglants, fixaient, aveuglés, la lumière de la lanterne sourde.

— Qui êtes-vous ? cria Savanne.

L’inconnue prononça des paroles incohérentes mêlées à des gémissements atroces.

Alors seulement, le jeune homme comprit : il se trouvait en présence d’une folle qui, sans doute, était séquestrée dans le souterrain depuis tant de temps déjà que ses yeux ne parvenaient plus à s’accoutumer à la lumière.

Une folle ! qui était-elle ? Depuis quand était-elle là ?

Et comment vivait-elle ? Sans doute des aliments que les paysans superstitieux jetaient en pâture aux prétendus démons.

Savanne observa les alentours : non loin de l’endroit où se trouvait l’inconnue s’ouvrait un trou d’ombre, un cône béant qui s’élevait dans les hauteurs. Çà et là aussi des squelettes éparpillés. Plus loin, des caves rectilignes qui avaient l’aspect d’anciennes oubliettes féodales.

Et Savanne comprit : étant donné la direction qu’il avait prise et la distance qu’il avait parcourue, il devait se trouver sous les fondations du château de Sauré, il était dans les oubliettes du manoir. Et il s’expliqua comment les lamentations de la folle étaient entendus à la fois du château de Sauré et du Trou du Diable, selon les voyages de la folle dans son royaume souterrain.

— Que faire ? pensa-t-il… Le moyen le