Page:Cléri - Le Crime de la chambre noire, 1915.djvu/57

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avait trouvé dans Mlle Levroie un merveilleux instrument qui lui permettait d’assouvir sa vengeance. M’est avis que ce fut lui qui rechercha celle que peut-être il croyait être la véritable châtelaine. Dans la vie tout s’enchevêtre et se complète. Nous verrons bientôt si toutes nos prévisions étaient exactes.


LE CHÂTIMENT.


M. Mauvin est-il ici ? demanda le commissaire de police au valet qui lui ouvrit.

— Il est dans le salon avec Madame. Je vais l’avertir…

— Inutile, menez-nous à lui.

Derrière le commissaire, venaient Dauriac, Savanne, la vraie Mme Mauvin, la sorcière et des policiers.

Le domestique ouvrit la porte du salon qui, comme on le sait, avait été transformé en chambre à coucher pour Mlle Judith Mauvin. Le père et la prétendue mère de la jeune fille étaient assis au chevet de la malade.

Le commissaire entra le premier :

— Monsieur Mauvin, dit-il en s’adressant au châtelain, connaissez-vous la dame qui m’accompagne ?

Et, en prononçant ces mots, il s’écartait pour faire place à la véritable Mme Mauvin qui apparut ainsi brusquement aux regards du châtelain. Celui-ci recula effaré, médusé, les yeux agrandis par l’effroi.

C’était une morte qui sortait de la tombe et apparaissait soudain devant lui. Mlle Levroie ne semblait pas moins effrayée. Il y eut quelques secondes d’un pathétisme grandiose et tragique.

Quant à la folle, elle avait reculé d’un pas et elle ne semblait pas moins terrorisée que les hôtes du château. Et ce fut elle qui recouvra la première la parole. Elle se dressa soudain, menaçante, furieuse, fantastique, et étendant la main vers son époux, elle clama :

— Vous ! vous ! assassin ! Horreur ! Horreur !

— Cette femme n’est pas folle, comme vous l’avez cru, dit le commissaire en se tournant vers Savanne, elle a partiellement perdu l’usage de la parole, elle a tout simplement oublié une grande partie des mots de son vocabulaire.