Page:Cléri - Le secret de la malle rouge, 1915.djvu/66

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Au même instant, un sifflement strident me fit frémir jusqu’à la moëlle des os.

J’avais le commutateur au bout des doigts. D’un mouvement prompt, je le fis tourner.

La lumière inonda la chambre.

La forme sombre, la forme humaine au poing ganté de noir et armé d’un poignard m’apparut aussitôt. Mais ce poing — arrêté au moment où il s’abaissait vers la victime innocente qui dormait — était emprisonné dans les doigts de fer de Sagan.

La projection de la lumière avait été si brusque, si inattendue, que les auteurs de cette scène tragique gardaient, en cette seconde suprême, les mouvements qu’ils venaient d’esquisser dans l’ombre. Leurs attitudes semblaient avoir été stéréotypées.

Au même instant aussi, Albert Lelong, réveillé en sursaut par le sifflement strident, s’était dressé sur son séant. Mais je n’avais d’yeux que pour la forme humaine et mystérieuse que mon ami venait de maîtriser. J’entendis la voix impérieuse de Sagan commander :

— Lâchez votre arme ! Toute résistance est inutile ; toutes les issues sont gardées.

Les bruits de pas précipités des policiers qui accouraient résonnaient dans l’escalier.

L’inconnu étouffa un grondement de rage impuissante et, tandis que, sous les doigts de fer de Sagan, l’arme tombait sur le parquet, il se redressa et, dans le mouvement qu’il fit, je vis enfin sa tête.

C’était l’homme mystérieux ! c’était le magnétiseur !