Page:Clapin - Sensations de Nouvelle-France, 1895.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
24
Sensations de Nouvelle-France

Il était écrit sans doute que la leçon serait complète, car, un peu plus loin, je rencontrai les élèves du Collège de Montréal, défilant deux par deux, en route pour une promenade. Non, jamais je n’oublierai l’impression de malaise subit que je ressentis à la vue de ces collégiens en tuniques étriquées, marchant d’un air monacal et recueilli, et se poussant nonchalamment les pieds à travers les amas de feuilles mortes qui couvraient les trottoirs. J’eus comme la sensation brusque d’un cortège de ratés et de fruits secs, que plus tard la vie impitoyable broierait sans merci. Ah ! les pauvres petites âmes, comprimées par une discipline de fer, combien j’enviai alors pour elles le sort de mes rudes jouteurs du McGill, lâchés à travers champs, libres et fiers dans tout l’épanouissement de leur belle jeunesse.

Mon ami Pierre de Coubertin a déjà fait le même rapprochement dans son livre Les Universités Transatlantiques, et si à mon tour je m’y suis arrêté, c’est bien parce que le problème qui en découle est plus attachant qu’il n’y paraît au premier abord. Le fait par lui-même est bien