Page:Clapin - Sensations de Nouvelle-France, 1895.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
25
Sensations de Nouvelle-France

banal — la rencontre de potaches de deux collèges rivaux — mais on sent ici malgré soi qu’il faut regarder au-dessus et au-delà. Il ne s’agit plus même seulement de deux races quelconques, jetées en face l’une de l’autre par le hazard des événements, mais bien plutôt de deux civilisations types, dont l’une, incapable de se transfuser du sang nouveau, reste oscillante et indécise, tandis que l’autre, grâce à sa souplesse et à ses facultés d’assimilation, rebondit sur la route des siècles à venir avec un regain d’ardente et impétueuse jeunesse.

Ce qu’il faut surtout voir, dans les jeux athlétiques de mes jeunes Anglais du McGill, c’est une certaine exagération de force, d’initiative et de volonté, bien à sa place dans cette Amérique où l’activité humaine, poussée à son maximum d’intensité, marque le point de départ d’une nouvelle évolution dans l’histoire du globe. On a même trouvé un qualificatif pour cette évolution, et on l’a appelée l’Anglo-Américanisme. Durant longtemps, le Canada français a dû à des circonstances particulières, comme aussi à sa situation géographique, d’être tenu à l’écart du mouvement vertigineux d’hommes et de choses qui partout, aux alentours, battait son plein. Mais voici que maintenant la montée