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Sensations de Nouvelle-France

on se rua sur cet importun, sur ce fâcheux, et comme on le fit bien vite tomber de son rêve d’illuminé pour le pousser sans merci vers cette couche de moribond, où en ce moment le pauvre malheureux se débat, perclus et meurtri, les yeux figés dans les premières affres de l’agonie.

« Vous croyez peut-être, poursuivit-il, que j’assombris à dessein le tableau. Mais aussi vous n’êtes dans le pays que depuis trop peu de temps pour avoir pu déjà constater jusqu’à quel point nous manquons ici de ce grand ressort national, qui partout ailleurs soulève et transporte les nationalités.

« Et la raison, me demandez-vous. Cela tient à des causes assez complexes, et que je vais essayer de vous démêler de mon mieux.

« La principale, et se rattachant du plus loin à ce peuple par des racines extrêmement vivaces, est ce que je pourrais appeler un abus de « paternalisme » ecclésiastique. L’un de vos publicistes, M. Victor du Bled, a déjà écrit sur nous, dans la Revue des Deux Mondes, un assez long travail intitulé « Un Essai de colonie féodale en Amérique. » Il aurait dû, selon moi, changer féodale par théocratique, et son titre eût été parfait.