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Sensations de Nouvelle-France

glissé, presque sans nous en apercevoir, à ce que les Anglais appellent too much of a good thing, nous complaisant indolemment dans une existence dépourvue d’initiative, nous reposant sur d’autres du soin de nous ouvrir une carrière et de diriger nos moindres actions, jusqu’au jour où nous avons fini par ressembler à ces garçonnets élevés fort tard par leurs mères, et qui se reconnaissent facilement à leurs mouvements gauches, timides, à leurs regards sans cesse redoutant une gronderie, une semonce.

« Voyez par exemple nos collèges classiques, où grandissent les générations qui auront plus tard à porter les poids les plus lourds. Eh ! bien, ces collèges, et cela en dépit de quelques efforts isolés pour en modifier le caractère, restent surtout des séminaires, et nous en sortons tous avec le pli séminariste. Ce n’est pas là un défaut, je sais fort bien, au sens absolu du mot, mais ce ne peut être aussi d’autre part, je crois, qu’une bien piètre qualité dans cette fin-de-siècle si batailleuse, si agressive, où le Vœ victis sonne bien vite inexorablement aux oreilles des timides, des irrésolus, des résignés.