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Page:Clar - Les Jacques, 1923.djvu/101

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LES JACQUES

— Hommes de fatigue et de possession.

— La terre que nous cultivons, nous n’avons même point assurance d’en posséder la longueur de notre corps, puisque notre cadavre sert maintes fois de pâture aux charognards.

— S’ils ne nous vendent plus, ils prennent notre travail six jours sur sept.

— Et voici qu’à présent ils nous ont dérobé jusqu’au dernier liard, jusqu’à la dernière mesure de grains, gémit un laboureur de Quincy.

— Tandis qu’ils offraient fête sur fête à l’envoyé anglais, et que, par humeur joyeuse, sire Harold traînait derrière lui jusqu’au château le vieux Pierre qui, étant sourd, n’avait pas entendu les sabots de son cheval.

— Celui-là qui avant-hier mangea mon avoine en herbage.

— Ses chiens ont brisé l’échine de ma chèvre.

— La mienne, ils me la prirent, fit L’Agnelet.

— Nous avons dû apporter toute la semence de notre village, dit un laboureur de Leuilly.

— Les hommes d’armes ont fouillé notre maison, brisant la huche et le saloir, nous accusant de cacher des quartiers de porcs.

— Des fauves ne feraient pas pis.

— Mais que voulez-vous ? dit le laboureur de Saint-Paul-aux-Bois, qui déjà avait interrompu Frappe-Fort, ce fut de tout temps, ce sera de toujours.

— Frère, es-tu homme libre ou serf de la glèbe ? demanda Rouge Le Bâtard.

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