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Page:Clar - Les Jacques, 1923.djvu/13

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LES JACQUES

cette hauteur, il risquerait fort de ne jamais revoir dame Jacqueline.

— Je te retrouverai, marmotta le cavalier, dont la fureur faisait briller les petits yeux gris enfoncés dans une face congestionnée.

Il feignit de hausser les épaules, tourna sa bête comme pour reprendre le chemin, mais sournoisement, penché avec prudence, d’une houssine qu’il tenait il atteignit l’homme au bas du visage. Puis, frappant sa bête, il disparut.

Si prompt et inattendu avait été le geste que l’homme ne songea point à se garer. À se sentir cravaché, un cri de rage lui échappa plus que de douleur, tandis qu’il portait ses mains à son menton, à sa bouche où une vive brûlure lui rappelait l’outrage subi.

Il fit quelques pas rapides, suivant la piste du cavalier, puis se rendant compte de l’inutilité de la poursuite, il revint lentement, la tête basse, sa figure pâle, balafrée d’une ligne rouge, étanchant, du bord de son capuchon les gouttes de sang qui perlaient à sa lèvre tuméfiée.

Comme il dépassait la roche, une voix forte qui lui parut sortir de terre le fit sursauter :

— Hé, hé, voici un seigneur qui manque de douceur dans les manières.

Presque à l’endroit où tout à l’heure il était couché, un individu déroulait autour de sa cheville une bande maculée de boue et de sanie.

L’idée qu’un être humain pouvait s’affirmer

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