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Page:Clar - Les Jacques, 1923.djvu/137

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LES JACQUES

pierres, montant droit et haut vers le ciel, dans le triomphe de leur splendeur.

Une sonnerie de cloches sembla lui répondre en cet instant, et jeter aux quatre vents le nom de Philippe de Haume.

Il se pencha vers ses élèves. Ceux-ci souriaient, l’estimant hautement, malgré son orgueil ingénu, pour son grand talent et sa belle loyauté.

— Compagnons, leur cria Philippe, que saint Chrysostôme nous prenne en sa bonne garde !

Les trois élèves se signèrent, et l’ascension de l’ange commença.

Ce n’était point besogne aisée. Enroulée étroitement de cordages graissés, étendue sur des poutres inclinées, la statue attendait. Gérard lança les cordes à Philippe de Haume et à contre-cœur, avec Gaën et Wilfrid qui partageaient son inquiétude, il obéit à l’ordre du maître de n’avoir point à l’aider pour hisser l’ange. Lentement, par à-coups réguliers, il montait. La sueur perlait au front de Philippe de Haume, ses veines se gonflaient à ses tempes et les muscles durcissaient aux bras raidis par l’effort.

Un même cri jaillit des trois poitrines oppressées à contempler le tailleur de pierres qui, tout à coup, chancelait, s’appuyait à la frêle barrière de bois pouvant seule retenir sa chute, si quelque vertige lui troublait la tête.

Ils crurent que l’ange retombait, glissant vers eux. Déjà Wilfrid s’élançait, quand se ressaisissant

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