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LES JACQUES

XIII Ce furent les errants de toujours. Le moyen âge connut leurs caravanes aux oripeaux éclatants. Bohémiens, gitanos, romanichels, selon qu’on les nomma, l’Occident autant que l’Orient a vu passer les faces basanées. Tressant les souples vanneries, dressant les singes, faisant sauter les ours, la race qui chemine a traversé l’univers, gardant le mystère de ses coutumes et de ses mœurs. Au pied de la colline où la ville de Laon est bâtie, venant de la foire de Provins et remontant vers le nord, une caravane de Bohémiens passait. Appuyé contre un arbre, Conrad attendait leur venue. Sous les pieds des chevaux s’éleva la poussière. Fiers, hiératiques, ils arrivaient et l’âme du fils de Maïa allait vers eux dont il possédait le teint mat, les prunelles sombres, les cheveux ondés et la nature vagabonde. Il les connaissait presque tous, habillés d’écarlate pour la plupart, des anneaux d’or aux oreilles, vendant, au cours de la route, les objets qu’ils fabriquaient, ou distrayant la foule de leurs tours de jonglerie et de leurs prédictions. La caravane était nombreuse. Les hommes reconnurent Conrad, mais la face impassible ne le laissèrent voir que d’un signe. Un d’eux pourtant - 144 -

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