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LES JACQUES

scandaleuses des prélats. Reçu par les grands dignitaires de l’Eglise avec autant de faste que s’il eût été roi de France, dînant à la table du pape et des cardinaux, il obtint absolution plénière de tous ses péchés et quand il partit il emportait, en dons reçus, cinq cent vingt-deux mille quatre cents livres. De très haultes et gentes dames se laissèrent séduire. La nièce d’Edouard III d’Angleterre, la noble demoiselle Isabelle de Juliers s’amourache d’Eustache d’Aubrericourt, capitaine de ces brigands, dont les hauts faits et baschellerie d’armes l’ont charmée. Eustache d’Aubrericourt chevauche la blanche haquenée offerte par sa belle, et le roi d’Angleterre, non seulement lui octroie l’ordre du Bleu Jartier qu’il venait de créer en l’honneur de la comtesse de Salisbury, tant belle et gracieuse, mais il appelle d’amitié le capitaine d’Aubrericourt son neveu. Comment Jacques Bonhomme eut-il résisté à des pillards si bien traités et honorés de l’Eglise, de la noblesse, du roi lui-même, qui avant sa captivité offrait à l’un d’eux vingt mille écus pour l’attacher à sa personne en qualité d’huissier d’armes et le faisait vivre en grand honneur à son côté. Autant que les autres seigneurs, le sire de Beauvaisis n’avait su défendre ses vassaux des sévices des grandes compagnies. Elles ravagèrent la région, branchant les ahaniers, arrachant les arbres fruitiers et les vignes, incendiant les forêts, mettant - 147-

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