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LES JACQUES

et l’emporta. Tandis que les flèches commençaient à l’entourer, il bondit vers l’auberge, mit Francine aux bras de sa mère accourue pleine d’effroi : Mettez-vous en cachette, les femmes, ordonna-t-il, cette histoire n’est pas finie. Les archers se ruaient vers la porte de l’auberge, où la colombe qui voletait autour tomba, rougissant le seuil. César ressortit, tenant en son énorme main un nerf de bœuf qu’il maniait en terrible moulinet. Les coups tombaient dru parmi les cris de colère. L’archer qui avait tué l’oiseau gisait sur le sol, le sang coulait au front de César. Il recula d’un pas vers l’auberge, et d’une voix tonnante, appela : A moi les Jacques ! Par Karlot notre roi, extermination et justice ! Il avait ainsi accordé aux paysans le temps nécessaire pour s’armer. De l’auberge, de la place, ils surgissaient farouches, enfin décidés à se défendre. Comme fléau sur l’aire, ils tapaient. Mieux protégés qu’eux, les gens d’armes luttaient avec avantage, mais deux d’entre eux étant tombés, l’un le crâne ouvert d’un coup de hache, l’autre les jambes fauchées d’une jetée de faux, ils commencèrent à reculer. Du côté des paysans, un laboureur expirait. Le visage de César n’était plus qu’un masque pourpre, Grégoire le meunier s’en allait un bras brisé, mais sentant les archers plier, les gens de Saint-Leu-de-Cherunt les forcèrent et - 151 -

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