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LES JACQUES

César sortait de temps en temps contempler le jeu. Une flèche lui sifflant à l’oreille, comme il allait atteindre le seuil du Soulcy d’argent, il se tourna avec calme vers les archers et les vit ricaner. Ce fut tout pour l’instant. Mais quelques minutes après, un cri se faisait entendre dans l’auberge. Francine, jolie brune de seize ans, la fille de César, ayant imprudemment ouvert la porte de la cage, voyait sa colombe s’enfuir et voleter sur la place. Avant que son père ait songé à la retenir, Francine sortait, courant après l’oiseau. Déjà un archer visait la colombe. Ne la tuez pas, messires archers ! suppliait la jeune fille se jetant au milieu des hommes d’armes. Si tu nous donnes à tous un baiser, gentille jouvencelle, répondait l’un d’eux lui enserrant la taille d’un mouvement si brusque que Francine ne put se défendre du baiser qu’il lui mettait aux lèvres. Père père cria-t-elle se débattant aux mains qui la tenaient et voyant se pencher vers elle des faces lubriques qui riaient. César avait bondi : — Lâche ma fille ! criait-il les poings levés. Lâcher si doux gibier, la plaisante affaire ! Les poings retombèrent sur le visage de l’archer qui s’affaissa pâmé. César souleva sa fille défaillante - 150 -

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