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LES JACQUES

la fin, messire de Boisjoly se traîna quelques pas, se releva et se mit à fuir. Monseigneur va devenir svelte à ce régime, raillait Rouge Le Bâtard, hardi, sus ! sus ! Les vêtements souillés et déchirés, saignant, éperdu, l’intendant dévalait le plus qu’il pouvait, fonaillé, harcelé. Il tomba pleurant, tragique et grotesque. -Relève-toi, cria Rouge Le Bâtard, ou je te cloue comme chauve-souris à la porte d’une grange ! — Pitié, hoqueta l’intendant. Tu oses implorer notre pitié, toi qui n’en eus pour quiconque. Jetez-moi cette ordure au fossé, ça ne mérite pas de périr sous nos coups. Le gros homme hurlant, gémissant, se tordant, fut happé sous les aisselles, et balancé plusieurs fois pour, enfin, à l’état de loque sanguinolente, être lancé dans le ravin. Un cri retentit, il y eut des bris de branchages, puis plus rien. — Bonne besogne de faite, cria Rouge Le Bâtard, sus ! sus ! à Coucy à présent ! La troupe déguenillée repartit, pieds nus pour la plupart, la face hâve ou terreuse, les cous maigres, les poitrines que ne couvrait plus le sayon, farouches, la faim au ventre, et dans les poings serrés de pitoyables armes, ils allaient. Des corbeaux tournoyant s’élevèrent au-dessus d’un trou. Ils croassaient puis s’abattaient. Quelque charogne les attire, dit Rouge Le Bâtard. 1 163

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