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Page:Clar - Les Jacques, 1923.djvu/21

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II


Aux sonnailles de sa mule, frère Loys le Franciscain allait, du Trou aux Loups, vers Coucy.

Nul ne se souvenait de frère Loys sans sa mule, et nul ne les concevait l’un sans l’autre, d’entente si parfaite que c’était merveille de voir Douce au Pas incliner ses oreilles vers le moine pour écouter ses dires.

La robe que portait gaillardement frère Loys appartenait à cet ordre des Franciscains composant avec les Dominicains, les Carmes et les Augustins, les quatre ordres mendiants. Prononçant l’austère vœu de pauvreté par réaction contre l’opulence qui corrompait les religieux des monastères et abbayes, ils parcouraient le monde, recevant la mission de l’évangéliser. Mal vus du haut clergé séculier des villes, de ce que relevant directement du pape, ils en bravaient la tutelle, ils ne l’étaient pas moins du clergé régulier des monastères, dont ils blâmaient hautement la mollesse et la dépravation. De plus, vivant d’aumônes, ils détournaient une part de la dîme qui engraissait les couvents.

Ce fut bien souvent parmi les ordres mendiants que se trouvèrent les moines érudits qui maintinrent, durant l’enfantement douloureux du

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