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Page:Clar - Les Jacques, 1923.djvu/22

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LES JACQUES

moyen âge, la vacillante clarté précédant l’éblouissement de la Renaissance.

Ils ne résistèrent d’ailleurs pas longtemps au relâchement des mœurs ecclésiastiques de l’époque. À leur tour, ils devaient tomber dans les excès dont les chroniques du temps nous ont légué les récits édifiants.

La mule de frère Loys se voyait déclarée non orthodoxe par quelques religieux affirmant que le vœu de pauvreté s’accommodait d’aller à pied. Frère Loys répondait à ces envieux que son patron, saint François d’Assise admettait les bêtes au divin prêche.

— Douce au Pas, disait-il, aide, à sa façon, la bonne parole à germer.

Petit, râblé, tête ronde, rousseaude, yeux vifs autant que langue preste, frère Loys sur sa mule arpentait monts et vallées, toujours attendu de quelque malade, espéré de quelque moribond. Né d’un laboureur et d’une serve, il avait préféré la vie nomade du Franciscain à la réclusion d’un monastère. De son origine, il gardait la rusticité, autant que l’amour de ces Jacques bafoués, méprisés, tondus de toutes manières, et dont les souffrances ne savaient que se douloir, sans se révolter.

Selon la règle, frère Loys ne portait point d’armes. Ses poings suffisaient à l’occasion. Ayant cru bon de l’assaillir, certain malandrin ne perdit pas vivement la mémoire de la magistrale rossée

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