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Page:Clar - Les Jacques, 1923.djvu/23

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LES JACQUES

que lui administra frère Loys qui, descendu d’un saut de sa mule, le laissa dolent et saignant. Mais comme le moine lui fit don d’un baume de sa composition afin de panser ses jointures endolories, le voleur battu béa d’admiration et ne se tint pas de conter l’aventure. Elle se répandit parmi les tire-laine, assurant à frère Loys un respect qui lui eut fait traverser, sans risques, le pire coupe-gorge.

Douce au Pas, toujours instruite de l’humeur de son cavalier, ne se pressait pas, ce matin-là. Frère Loys rêvassant, elle flânait, si bien qu’à la fin elle s’arrêta, ce qui réveilla le moine.

— Hé là, ma belle, tu profites de ce que je songe pour somnoler tout à ton aise. Il ne fait guère chaud pourtant. De plus, crois-tu que d’une telle allure nous arriverons à Prémontré avant que ce cher abbé se soit mis à table ? Que nous veut-il ? T’en doutes-tu, Douce au Pas ? Peu nous chaut, après tout nous échappons à sa justice, par bonheur, sans doute, car le fier abbé n’a guère souci que de noblesse et roture n’a point de grâce pour lui.

À ce moment, frère Loys aperçut un couple formé de deux hommes, dont l’un s’accotant à l’autre, marchait avec grande difficulté.

— Quel étranger est donc avec L’Agnelet ? se demanda frère Loys, je ne connais pas ce quidam, Douce au Pas, allons à leur rencontre.

La mule fut bientôt auprès de Rouge Le Bâtard et L’Agnelet, se dirigeant vers le groupe de masures

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