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Page:Clar - Les Jacques, 1923.djvu/26

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LES JACQUES

franchit le pont qu’on relevait le soir et qui, le jour, jetait une arche entre l’abbaye et le monde extérieur. Frère Loys tira la cloche. Ses tintements troublèrent, eût-on dit, le silence du royaume du sommeil, alors qu’une activité incessante régnait à l’intérieur du couvent, alors que l’ambition, la jalousie et maintes passions, simplement terrestres, couvaient dans la pieuse retraite que les manants contemplaient avec une défiance à peu près égale à celle qu’ils montraient à l’égard du sombre château fort.

Au second appel de la cloche, le judas s’entr’ouvrit.

— Est-ce vous, frère Loys ? interrogea une voix.

Il était à peu près impossible d’apercevoir la personne qui parlait.

— C’est moi, frère portier, répondit le visiteur.

— Attachez votre mule, et vous entrerez.

Douce au Pas attachée, le vantail roula sur ses gonds, presque sans bruit.

— La paix du Seigneur soit avec vous, frère Loys, dit le portier, vieillard courbé qui traînait la jambe.

— Le Seigneur vous l’accorde également, répondit le Franciscain. Le révérend abbé est-il là ?

— Je le pense.

— Il m’a mandé de le visiter, ce matin.

— Alors, il sera là sans doute.

— Dites-lui, je vous prie, que je me trouve à sa disposition.

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