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Page:Clar - Les Jacques, 1923.djvu/27

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LES JACQUES

— Je vais aller voir.

Tout en parlant, ils avaient traversé une cour que bordait, à droite, le logis des pèlerins, à gauche, la maisonnette du père portier. Par la porte ouverte du parloir où ils entrèrent, on apercevait une autre cour plus vaste, hautement surmontée par les dortoirs des moines, surplombant les arceaux du cloître. La chapelle s’abritait dans un de ses angles. Lui faisant face, la demeure particulière du père prieur qui dominait l’intérieur du monastère en même temps qu’un jardin splendide, fermé d’un mur, donnant par une porte basse sur les dépendances de l’abbaye : boulangerie, étables, bergerie, ateliers de sellerie où travaillaient les moines servants. Le jardin médicinal et l’infirmerie, le potager, le verger et ses ruches, formaient le domaine du père Mathias qui ne jugeait rien au monde d’aussi passionnant que ses fleurs et ses abeilles.

Des soucis plus graves agitaient le prieur abbé Geffroy, quand il fit introduire frère Loys dans la salle nue et froide où il recevait les visiteurs. Cousin des sires de Coucy, Geffroy de Royaumont était un homme d’une quarantaine d’années. De haute et forte stature, la figure large et pleine, on le sentait taillé pour commander, au regard pénétrant de ses yeux gris. Parfois quelque fatigue semblait courber ses épaules, mais il reprenait bientôt l’air de fierté qui lui était naturel.

Enveloppé d’une robe blanche recouverte d’un

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