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Page:Clar - Les Jacques, 1923.djvu/37

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LES JACQUES

royale qui s’affermissait. Les trois territoires, l’Île-de-France, l’Orléanais et le vicomté de Bourges composant, en 987, le maigre domaine du souverain, s’étaient agrandis allant de Lille et Douai en Flandre jusqu’au comté de Toulouse et la Navarre.

Après le règne batailleur et despotique de Philippe le Bel dont les luttes contre Boniface VIII furent vives à ce point que le pape interdit au clergé toute soumission au roi, défense à laquelle ripostait Philippe le Bel, en élisant un pape qui vint résider en Avignon, le trône fut occupé, en une succession rapide, par ses trois fils. Le premier, Louis X, dit le Hutin, ne régna que deux ans, de 1314 à 1316. En cette période brève, il eut le temps de décréter les droits des serfs de se racheter. Mais Jacques Bonhomme n’aurait osé briser sa chaîne, si partant pour la croisade ou les combats le seigneur, en pénurie de riche équipement ou d’escarcelle à remplir, ne lui eût offert la possibilité d’une redevance, rançon de sa liberté. Cette redevance, qui parfois engagea jusque dans sa descendance le serf libéré, lui apporta une indépendance plus fictive que réelle. Sauf le pouvoir de vie et de mort, le droit de vente et d’achat qu’abolissait sa nouvelle condition, le vassal ne pouvait guère obtenir justice contre son seigneur, pas plus qu’il ne pouvait prétendre, davantage que le serf, à la possession d’une terre que si péniblement il défrichait. Hypothèques, corvées,

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