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Page:Clar - Les Jacques, 1923.djvu/63

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LES JACQUES

apportait les légendes enluminées de la Vie des Saints, lui enseignait à tracer l’écriture, s’émouvait de cet esprit qui s’ouvrait, accueillant une leçon avec l’avidité d’une plante privée d’eau absorbant la rosée. Sensible et fier, Georget ne serait-il point appelé à souffrir mille soucis, au milieu de ces êtres courbés sous un inexorable destin. Qui le pourrait arracher à la vie misérable qui l’attendait ? Mélancolique, le moine y songeait, se promettant d’y aviser.

Georget rouvrait ses beaux yeux.

— Je la sais, la chanson de Conrad, murmura-t-il. Je l’aurais voulu tracer sur la feuille où il y a sainte Cécile qui est si belle, si belle !

— Calme-toi, Georget, si tu veux que je revienne demain.

— Je vous suis docile, frère Loys, mais elle arrache l’âme à la redire, plus encore que la chanson de l’Alouette, et c’est la pareille pourtant. N’est-ce pas, frère Loys, que c’est la même ?

— Oui, seulement je te vois tant agité, alors qu’il te faudrait reposer.

— Je repose, frère Loys.

Georget ferma les paupières. Ses lèvres remuaient. Légers, tel, un souffle, des mots parvenaient à l’oreille du moine. Frère Loys entendit : « … hommes comme ils sont… grand cœur… autant souffrir… »

Puis, dans un sourire, Georget s’endormit et frère Loys prit congé de Guillemette qui, silen-

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