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Page:Clar - Les Jacques, 1923.djvu/72

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LES JACQUES

verner, notre sire Harold ne s’en soucie aucunement. L’insolence en grandit d’autant. N’ai-je point hier failli me voir désarçonné par l’un de ces rustres, alors que je me rendais au château.

Dame Jacqueline, qui paraissait témoigner un mince respect à cet époux si gonflé d’importance, eut un rire de moquerie.

— Vous ne m’avez point narré cette aventure.

— J’avais à gré, ma mie, de ne point vous inquiéter en vain.

Le sourire qui voltigeait aux lèvres de Jacqueline de Boisjoly annonçait pourtant peu de tendre inquiétude.

— Vraiment, soupira le chapelain, les voies de Dieu sont insondables. Comment put-il permettre que tant de nobles sires soient tombés en captivité alors que tant de ces manants n’étaient point taillés en pièces. On ne pouvait donc les faire combattre sans merci.

— Oh ! fit Jacqueline en riant, je les aperçois guerroyant ! Je vois Pascal le laboureur tapant dessus les Anglais avec son fléau, et ce forgeron insolent les abattant à grand effort de marteau, et tous armés de fourches et de houes. La belle armée en vérité ce serait là !

Ainsi disant, d’un ton de mépris, la dame de Boisjoly se leva.

— Venez-vous-en au château, sire chapelain, tandis que je m’y rends ?

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