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Page:Clar - Les Jacques, 1923.djvu/73

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LES JACQUES

— Nenni, répondit l’intendant, nous devons, auparavant, juger des mérites de ce vin cuit.

— Donc, à vous revoir, je vous quitte.

Sur un geste léger d’adieu, Jacqueline de Boisjoly les laissa, puis s’étant enveloppée d’une chape et coiffée d’une huque de drap fin, contourna le domaine et prit le chemin qui montait au manoir des Coucy.

Deux enceintes le défendaient des agressions d’un ennemi toujours possible. On traversait la première, que précédait la barbacane formant sentinelle sur la campagne, quand on avait franchi le pont-levis jeté sur un large fossé empli d’eau. Elle donnait accès à la cour nommée bayle où se tenaient des hommes d’armes. Là aussi se trouvait, d’abord en avancée, la demeure du premier officier de la maison de Coucy appelé le châtelain et qui, ayant suivi son maître à la guerre, n’en était point revenu, puis les dépendances, le logis des serviteurs, la citerne et une chapelle plus ancienne que le château. Encerclée de quatre énormes tours, reliées par des courtines avec leur chemin de ronde, la deuxième enceinte laissait pénétrer dans une seconde cour plus vaste. Trois immenses salles voûtées y étaient installées, surmontées de l’énorme donjon de forme ronde, portant à son sommet, la tour du guet. Au-dessus de la porte du donjon, une sculpture évoquait le sire Enguerrand II terrassant un lion, exploit qu’en Palestine avait accompli l’ancêtre de la famille actuelle.

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