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Page:Clar - Les Jacques, 1923.djvu/85

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LES JACQUES

— Loyse fit bien.

— Elle fit bien, dis-tu, le sais-je ? Elle me prétendait plus utile qu’elle à nos frères. Utile, miséricorde ! Quelle dérision, à nous voir tous accablés de misère et d’affronts !

— Et ce n’est point fini, sans doute.

— Tu vois, frère, que Loyse eut tort.

— Loyse eut raison.

Frappe-Fort secoua la tête dans un geste de dénégation.

— Loyse eut raison frère, reprit Rouge Le Bâtard. Quand faiblirait un bras de femme, un bras d’homme ne faiblira pas. Loyse attend de toi ce qu’en attendent tes compagnons.

— Hélas !

— Regarde-les, Frappe-Fort. Ils sont plus craintifs que lièvre en plaine, l’ombre de là-haut leur est terreur, mais ils suivront celui qui leur dira : Venez ! et marchera devant eux, sans faillir.

— Ce ne sera pas moi qui deviendrai celui-là. Je doute de ma vaillance comme ferait un enfantelet.

— Tu trembles sous l’outrage, à la façon d’une bête frappée. Ne sais-tu pas que le plus timide devient un loup, au jour de la vengeance. De l’affront, bientôt, ne restera plus que la soif de l’effacer. Réveille-toi, frère, les temps sont plus proches peut-être qu’il ne semble.

— Le crois-tu vraiment ?

— Je le crois, répondit gravement le soldat.

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