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Page:Clar - Les Jacques, 1923.djvu/86

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LES JACQUES

Un bruit qu’ils ne surent définir les arrêta, frissonnants. On eût dit un éclat de rire, mais qui pouvait rire de cette façon atroce, semblable à une plainte rauque ? Grégoire attisait le brasier de la forge, La Grelotte était sorti, cherchant de l’eau. La montée d’un jet de flamme fit qu’ils aperçurent Louvette droite sur ses pattes, et les bras à son cou, à demi dressée, le visage ardemment tendu vers eux, la vieille Alyse. Était-ce elle, la serve qui avait vu la chasse infernale, était-ce elle qui riait ainsi ? Ils n’osèrent se le demander, et comme le bruit s’apaisait, Frappe-Fort répondit à l’assurance que lui donnait le soldat :

— Puisses-tu dire vrai ? Mais qu’est-ce cela ?

Une sonnerie de cor retentissait non loin.

— Va t’enquérir, Grégoire, dit Frappe-Fort, de quel mal nous échoit à nouveau.

Grégoire ne demandait pas mieux. Lâchant son tablier de cuir, il partit en courant.

Traversant les chemins d’herbe, il contourna le gros des habitations du bourg et parvint, à grandes enjambées, sur une petite place où se dressait une très pauvre église fort délabrée. La foudre en avait fait choir à demi le clocher, et les bestiaux qui entraient par la porte brisée souillaient l’intérieur où tout pourrissait, en fort piteux état.

Tandis que moines et abbés vivaient grassement, non seulement des revenus de leurs couvents et des dîmes qu’ils prélevaient, mais aussi des tenures qu’ils louaient à des laïcs, les prêtres des villages

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