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Page:Clar - Les Jacques, 1923.djvu/95

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LES JACQUES

et que ce soir ou demain le sien y passerait. Et point n’y manquait.

Ceci jusqu’au matin de grand deuil où, rassemblés comme bétail, les paysans virent mettre à l’encan tout ce que messire de Boisjoly avait pu rafler de grains, de meubles, d’outils, de bêtes, de semences dans les masures fouillées, retournées, presque éventrées. L’Agnelet vit partir, bêlante, sa chèvre noire qui lui fendait le cœur à se tourner vers lui. Georget qui venait de se relever, encore frissonnant de malaise, assista les larmes aux yeux au rapt des images de bois taillé qu’avec des sarcasmes fit emporter l’intendant, devant Guillaume abattu et Guillemette éplorée. Pour lui, sous son sayon, contre sa peau, il voulut sauver Sainte-Cécile que lui avait donnée frère Loys, mais il s’y prit trop tard et, livide, empli de désespoir et de colère, il se vit arracher l’image que messire de Boisjoly lacéra en ricanant.

De logis en logis, s’étendaient les gémissements et les supplications, et de village en village. Car il n’y eut point que Coucy à pâtir. De tous les hameaux environnants, dépendant du fief, de Saint-Paul-aux-Bois et de Quincy-Basse, de Guny, de Pont-Saint-Mard, de Jumencourt, de Leuilly et de Lendricourt vinrent à bât d’âne ou à pied les ahaniers requis, tous apportant dîme d’argent ou de nature, pour que pût être parfaite la somme que, dans quelques jours, devait emporter l’envoyé de Londres.

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