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Page:Clar - Les Jacques, 1923.djvu/96

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LES JACQUES

La nuit n’endormit pas la douleur des Jacques dépouillés.

Ce soir-là, afin de fêter le départ proche de l’Anglais, fut donné au château de Coucy un dîner d’une somptuosité inouïe. Tandis que le long des tapisseries, des valets portant des torches éclairaient les convives, vêtus de brocart, de velours, de damas et couverts de bijoux, l’écuyer tranchant fit défiler les mets sur l’immense table où brillait la lourde vaisselle d’or.

On servit un paon paré de ses plumes et flanqué de pigeons et de cailles, des lapins rôtis dans l’attitude de bêtes poursuivies, deux cochons de lait farcis, des pâtés de canards, de perdrix couronnés de chapelets d’alouettes, un saumon nageant dans une sauce d’épices et d’herbes, des lamproies au vinaigre aromatisé, de la salade au safran, des pâtisseries aux amandes et au miel, des vins du Poitou, de la Bourgogne et du Bordelais, voisinant avec ceux de Laon.

Et chose encore rare, trois flacons d’eau-de-vie anisée au sucre de canne.

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